Comment nous faisons : La création de logiciels, un défi apparemment insurmontable pour un organisme de bienfaisance



Marina Glogovac

« Comment financez-vous tout cela? » Tout cela, c’est-à-dire tous les logiciels de collecte de fonds que nous créons pour les organismes de bienfaisance. La question nous a été posée par un de nos partenaires caritatifs, lors d’une récente séance d’information que nous avons organisée à Ottawa pour les organismes de bienfaisance. Ce partenaire venait du milieu des TI et il s’y connaissait en matière de développement de logiciels; il savait aussi que CanaDon est un organisme de bienfaisance. C’était une excellente question !

Nous célébrons notre 20e anniversaire cette année, et nous sommes très fiers de tout ce que nous avons accompli. Notre mission caritative est d’offrir une bonne technologie de collecte de fonds à tous les organismes de bienfaisance (particulièrement aux plus petits). Au cours des six dernières années, nous avons lancé trois importantes plateformes de collecte de fonds pour les organismes de bienfaisance (formulaires de don personnalisables, collectes de fonds entre particuliers, et événements avec billets), et nous avons procédé au nouveau lancement de notre site Web pour les donateurs. Aujourd’hui, plus de 20 000 organismes de bienfaisance au Canada comptent sur la technologie que nous avons développée !

Il est vrai que la création de produits logiciels, en disposant d’une infime marge de >2 % (la portion de nos frais de transaction que nous conservons après avoir payé les frais de traitement des paiements et de carte de crédit), relève presque du miracle lorsque nous établissons une comparaison avec les entreprises de logiciels qui sont à but lucratif. Ce 2 % finance tout ce que nous faisons, du développement de logiciels et de la détection de fraudes, jusqu’au service à la clientèle, à la création d’outils et à l’éducation des organismes. Nous n’avons pas le soutien d’une société filiale ou d’un investisseur en capital de risque, et nous ne recevons pas de capitaux de la part d’entreprises de logiciels.

De plus, c’est difficile pour nous de recueillir des fonds, même en tant qu’organisme de bienfaisance, parce que beaucoup de bailleurs de fonds nous reconnaissent comme une organisation de renforcement des infrastructures ou des capacités, sans considérer que le renforcement des capacités est une cause importante à financer.

Alors comment faisons-nous? Eh bien, c’est difficile. Cela prend non seulement des compétences exceptionnelles, mais de la passion, de l’ingéniosité, de l’ambition et, sincèrement, du courage. Cela semble souvent impossible! Un bon exemple est notre système de gestion des donateurs (SGD) qui sera lancé en juillet et qui représente une entreprise titanesque. Nous nous sommes attelés à cette tâche parce que nous savons que le secteur en a besoin, mais c’est un travail énorme qui comporte d’importants coûts initiaux.   

Nous recevons des propositions d’investisseurs et d’entreprises à but lucratif qui désirent acquérir CanaDon ou y investir en possédant des actions — après tout, nous avons connu à tous points de vue une croissance extraordinaire, c’est pourquoi nous faisons l’envie des entreprises, dont celles à but lucratif. Mais nous ne sommes pas à vendre !

Nous sommes fiers d’être un organisme de bienfaisance et de lier notre avenir à celui d’autres organismes de bienfaisance au Canada. Nous sommes tous dans le même bateau. Nous apprécions notre indépendance, par souci de nos partenaires caritatifs.

  • Nous ne voulons pas avoir d’autre but que celui de faire ce qui convient le mieux pour le secteur et pour les organismes de bienfaisance.
  • Nous ne voulons pas être ici aujourd’hui et ensuite nous tourner vers des marchés plus lucratifs demain.
  • Nous ne voulons pas être « libres » aujourd’hui et ensuite commencer à charger des frais demain, lorsque changeront les priorités d’affaires.
  • Nous ne voulons pas nous laisser détourner par des motifs secondaires qui pourraient engendrer chez nous de la confusion et rendre difficile la prise de décision.

Notre indépendance est essentielle à ce que nous faisons. Nous voulons faire preuve de loyauté, d’honnêteté, et être une présence et une option constantes pour le secteur parce que, à bien des égards, nous sommes la propriété du secteur.

Nous estimons important qu’il y ait un joueur comme CanaDon (quelles que soient nos difficultés), pour que toutes les entreprises œuvrant dans cet espace recherchent l’intérêt supérieur des organismes de bienfaisance, et pour élever la barre quant à ce qui est offert aux organismes de bienfaisance. Il ne s’agit pas seulement de produits logiciels, mais aussi de tous les aspects de notre travail : service à la clientèle, bilinguisme, consultations, etc. Nous allons plus loin, parce que c’est pour ça que nous existons.

Alors, comme je l’ai dit à Ottawa : nous avons à cœur de continuer à faire de notre mieux et de jouer notre rôle afin d’aider les organismes de bienfaisance à traverser cette période extraordinaire de numérisation et de mutation en ce qui a trait à leurs opérations. Et c’est pour nous un réel privilège que de le faire.


Mise à jour le 27 February 2020

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